Mauvaise passe
Les bruits de voix fusent, les discussions s'enchaînent, deux par deux ou tous ensemble, ça parle de tout et de rien, ça part dans tout les sens. Les éclats de rire fusent et je souris. Pour se sentir seule, au milieu des autres, il suffit d'un geste, ou du manque de ce geste. Un rejet ressenti ou imaginé qui pose une barrière. Il suffit de ma main qui se pose inconsciemment sur son épaule et de la sienne qui la repousse consciemment. Et l'impression, parfois, de n'exister vraiment qu'au sein des quelques murs de notre appartement.
J'ai beau dormir assez, je me sens fatiguée. Le poids des doutes sur les épaules est bien plus lourd parfois que celui de manque de sommeil. Il suffirait d'un rien. Et le flou dans ma tête. Je suis angoissée, moi aussi. Pour un millier de raisons qui n'ont aucun sens, pour un grain de poussière dans l'oeil, pour une petite piqûre au coeur, pour un regard en coin, pour la difficulté à me lever le matin, pour toutes ces heures qui passent et dont je ne fais rien. Je suis angoissée pour l'avenir, son incertitude et ses obstacles.
Mon angoisse elle-même m'angoisse. Mauvaise Passe.