Le temps court et je me traîne
J'ai l'impression que Septembre n'a pas eu lieu. Tout passe trop vite. Le temps s'envole et je ne me souviens pas des choses qu'on a pu faire. Peut-être bien parce qu'on ne fait rien. Rien que la routine, jour après jour. On mange autre chose, parfois ailleurs, on regarde une autre connerie à la télé, on lit un autre livre, on discute d'autre chose, on parle à d'autres clients mais toujours aux mêmes collègues. Et sans même qu'on s'en rendre compte, un mois s'est écoulé. On n'y a juste pas pensé. A le savourer. Et avant qu'on s'en rende compte, c'est l'hiver. Avant qu'on s'en rende compte, on a pris de l'âge. Avant qu'on s'en rende compte, même, c'est trop tard. C'était quand déjà, l'enfance et ses jeux par dizaines? L'époque où on ne se souciait de rien d'autre que du goûter que maman allait préparer et des jeux qu'on allait s'inventer? C'était quand déjà, l'adolescence et ses émotions en vrac? L'époque où on commençait tout juste à deviner la vie? Celle où on pouvait encore croire que le monde était à nos pieds et qu'on ferait de grandes choses? Celle des expériences nouvelles et de l'absence de limites, des nuits blanches et des premières gueules de bois? C'était quand, la liberté? Quand on se sentait invincibles à marcher au milieu des rues en pleine nuit? Quand on chantait à tue-tête au milieu d'un bar et qu'on s'amusait de tout? C'était quand, que tout ça a changé?
On a troqué nos rêves pour des responsabilités, nos nuits blanches pour du repos bien mérité. On a troqué nos jouets contre un boulot mal payé, et on sait maintenant que le monde n'est pas à nos pieds.
Ce n'est pas le temps, pourtant, qui change. C'est nous. C'est moi. J'ai oublié d'en profiter...