200km/h en sens inverse

Comment raconter sans partir dans tous les sens les dizaines de petits évènements avec ou sans importance qui ont jonché mon week-end, l'ont rendu à la fois fatigant, heureux, parfois triste mais surtout, normal et exceptionnel en même temps. Comment réussir à faire ressortir l'émotion de mots finalement assez banals, l'incompréhension d'une situation bizarre, la fatigue d'un long trajet en train ou les fous-rires d'une soirée karaoké? Raconter un évènement, une soirée, quand bien même dans les détails, ne m'a jamais réellement paru compliqué, et pourtant, raconter le cheminement de mon week-end, ses sourires et ses larmes, ses moments de ras-le-bol et ses fou-rires, semble aujourd'hui tellement incongru. Ca se raconte comment, un sourire? Comment pourrais-je expliquer à quel point un simple "t'es ma meilleure amie" m'a rempli le coeur? Et la sensation ressentie en voyant une porte se fermer devant soi, au sein même de la famille, qui fait monter la rage, les larmes et l'incompréhension en même temps? Comment parler du bien-être ressenti en étant simplement là, au milieu de gens près desquels on se sent bien, et comment un simple "bonjour", dit avec le sourire et tellement de chaleur, peut instatannément donner l'impression "d'être à ma place"? Je pourrais vous raconter l'excès de vitesse de B, la mauvaise foi de N, le sourire de mon beau-père, la gentillesse sans égale de Did, les paroles apaisantes de F ou encore les sourires de connivence de A. Je pourrais vous dire les "tu m'as manqué, hier soir, j'ai pas réussi à m'endormir sans toi" de B, et l'abeille venue troubler notre pause-resto. Je pourrais vous citer minute par minute les évènements, ou presque, mais pas l'émotion. Comme si c'était "trop" d'un coup et qu'il m'était impossible de tout expliquer, de tout comprendre moi-même.

J'ai l'impression d'avoir vécu à 200 à l'heure, plus en un seul week-end qu'en plusieurs mois, l'impression d'être passée du rires aux larmes un nombre incalculable de fois, d'avoir couru jusque dans mes rêves, d'être un peu perdue maintenant que la routine revient et qu'il a fallu, hier, puis aujourd'hui, s'habiller, se mettre en route, et travailler.

C'est bizarre, cette façon qu'a la vie de mettre un coup d'accélérateur, parfois, de s'emballer comme un cheval fou. Ou peut-être étais-ce qui, d'un coup, me suis laissée submerger par des moments qui, pris séparément, auraient pu me sembler anodins. Je ne sais pas. Disons simplement que c'était un week-end de folie.