White night

15012010

Ce qui me manque le plus en ce moment? L'ambiance enfumée des bars, la douce chaleur de l'alcool et des éclats de rire qui se mélangent dans les veines, les cigarettes qui passent de main en main, les paquets qui se vident, les verres qui se remplissent, les barrières qui tombent, les conversations qui s'animent, les décisions prises sur le vif, on va à la mer, on emmène une bouteille et on va la boire sur la plage, on va faire une randonnée nocturne dans les bois, j'ai faim, on se fait un petit resto, oui, je sais bien qu'on a déjà trop bu, mais une bouteille de vin supplémentaire ne peut pas faire de mal, tu viens, on va regarder le soleil se lever sur la place, dis, je peux dormir sur ton canapé, non non, ça ne me dérange pas d'être réveillée par le bébé demain matin, t'inquiète pas, on se boit un dernier verre sur la terrasse ou on essaie ce nouveau bar pour routiers qui ouvre à 5h du mat'? Tu sais pas? Moi non plus, en fait. Puis finalement, si on se couchait et qu'on s'embrumait de rêves jusqu'à demain matin?

Les tabourets crissent sur le sol, les verres s'empilent à côté de l'évier, la musique est de plus en plus forte, on danse sur les tables, on s'invite chez le voisin, on ferme et on va ailleurs, ou on ferme mais on reste là, on fait la fête sans vraiment avoir de raison. On se nourrit de rires, de bières, de martini et de paquets de frites, jusqu'au petit matin, on part en boîte mais on finit par se promener le long des rues sans rentrer.

Ce qui me manque le plus? Mon frère qui partageait ces moments. Et les souvenirs qui reviennent. Cette soirée passée à jouer au billard en goûtant toutes les bières imaginables, l'arrêt à la friterie en rentrant, et le ketchup sur le menton, manger en marchant, sans les mains, courir le long des trottoirs, slalommer entre les voitures, essayer de suivre la ligne blanche, s'arrêter en face de la porte, un bisou, un calin, à demain, tu m'appelles quand t'es rentré, et ne jamais entendre l'appel, déjà endormie. Et cette autre, avec Mi et S, ce fameux soir où l'on avait décidé de passer dans tous les bars de la ville en commandant "la specialité". Vodka pamplemousse, whisky coca-light, bière spéciale. On n'est jamais arrivés au bout de la rue. Et mon frère, toujours là, qui portait M sur son dos quand elle n'avait plus envie de marcher, moi dans ses bras quand je refusais d'avancer. Cette soirée finie assis tous les deux sur le bord du trottoir devant chez lui, une bouteille de bière récupérée dans le frigo à la main, cette soirée finie chacun dans un canapé. Lui le grand, moi le petit. On discute un peu et je monte me coucher, qu'il avait dit. Finalement réveillés par l'odeur du café et des croissants que ma belle-soeur nous avait amenés. Vous dormiez si bien, c'était trop mignon. Elle avait pris des photos. Nos têtes l'une à côté de l'autre sur nos canapés, recouverts de nos petites couvertures.

Les week-ends passaient gaiement. On vidait nos portefeuilles en verres de bière, mais surtout en éclats de rire. Du moins, c'était l'impression qu'on avait.