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Mes ricochets, ricocher, ricochez... de mots en mots
15 mars 2010

Neil Gaiman - Des choses fragiles

Neil Gaiman - Des choses fragiles

Des histoires à la fois merveilleuses et effrayantes, sur le fil entre vie et mort, réalité et étrange, fantastique et réaliste. Des nouvelles qui dérangent, qui surprennent, dans lesquelles on se plonge avec frayeur ou délectation.

Ce livre, je l'ai pris par hasard, parce qu'il était posé sur une table, à l'écart des autres, parce que Neil Gailman que j'avais adoré dans "stardust" et "Coraline", parce que je m'ennuyais, aussi.

Et finalement, après avoir mis un peu de temps à 'rentrer dedans', comme on dit, dans l'univers de l'auteur et des nouvelles, je me suis prise au jeu, et j'ai aimé. J'ai aimé ce livre qui sort des sentiers battus, tellement différent de ceux que je lis habituellement, j'ai aimé que l'auteur prenne la peine de nous expliquer comment, pourquoi, dans quelles circonstances chaque nouvelle avait été écrite, qui nous permet de comprendre plus ou moins le fonctionnement créatif de l'un des meilleurs auteurs fantastique de sa génération, de nous immerger dans la façon dont les histoires naissent et vivent.

Ce bouquin, je l'ai ressenti comme un "pêle-mêle", un "brouillon" presque, un peu de tout, du poême au court roman, de la nouvelle bien travaillée, fignolée dans les moindres détails, à l'autre qui semblait plus brute. J'aime la vision des choses de Neil Gaiman, son univers à la frontière du rêve, du cauchemard et de la réalité, ses fins qui n'en sont pas toujours, laissant la part belle à l'imagination de chacun. J'ai trouvé dans ce livre des tonnes d'idées, d'envies. "Le problème de Susan" m'a donné envie de relire "Le monde de Narnia", "Goliath" m'a replongée dans l'univers irréel de "Matrix", entre autres choses. "D'étranges petites filles" m'a fait chercher "Strange little girls" de Tori Amos. Ce bouquin, surtout, je l'ai ressenti comme un "conte de fées" pour adultes, tantôt horrifique, tantôt magique, mais toujours prenant et bourré d'anecdotes intéressantes. J'y ai découvert les filles venues de l'espace, les vampires, les grands combats mythologiques, l'origine des contes que nous connaissons aujourd'hui, la véritable histoire de "boucle d'or", les douze mois de l'année. J'y ai découvert, surtout, l'envie de me plonger davantage dans l'univers de Neil Gaiman, de découvrir ses autres romans et les mondes étranges dans lesquels il serait à nouveau susceptible de m'emmener.

J'ai choisi ce livre un peu par hasard, le fantastique n'étant en général pas ma tasse de thé. J'en ressors avec cette impression qu'au plus les histoires s'éloignent de la réalité que nous connaissons, au plus elles se créent un monde qui n'appartient qu'à elle, au plus nous nous y plongeons à l'aveugle, découvrant page après page les affres que l'auteur nous réserve, au plus le voyage semble découverte, nouveauté. Et j'ai aimé cette nouveauté.

Je crois qu'au final, je conseillerai ce bouquin à à peu près tout le monde. Les amateurs de Gaiman ou de SF ne seront pas déçus. Les novices, quant à eux, y trouveront la facilité, la rapidité de lecture des nouvelles, dont on va au bout en quelques minutes, et qui permettent de lire, de découvrir sans overdose, de passer de l'une à l'autre, de jongler, de revenir en arrière, et de refermer le livre à tout moment, sans avoir à passer par cette insatisfaction de n'être pas allés au bout de l'histoire.

Résumé de l'auteur :

"Les histoires, tels les gens et les papillons, les œufs d’oiseaux et les cœurs humains, les rêves, sont aussi des choses fragiles ne se composant de nul matériau plus solide ou plus durable que vingt-six lettres et une poignée de signes de ponctuation. Ou bien de paroles faites de sons et d’idées – abstraites, invisibles, disparues sitôt prononcées –, et saurait-on imaginer plus fragile ? Certaines d’entre elles, pourtant, simples et minuscules, mettant en scène des personnages qui partent à l’aventure ou qui accomplissent des merveilles, des miracles et des monstres, ont survécu à tous ceux qui les ont racontées. Certaines ont même survécu aux pays dans lesquels elles ont été créées"

Extrait de la nouvelle "Goliath" :

« J’habitais toujours Edgware et me rendais au travail par la Northern Line. Un soir que je rentrais chez moi en métro – nous venions de passer la gare d’Euston ; la moitié des passagers étaient descendus -, j’observais mes compagnons de voyage au-dessus de mon Evening Star et me demandais qui ils étaient, qui ils étaient réellement, à l’intérieur : la mince jeune femme noire qui griffonnait dans son bloc-notes, la petite vieille dame au chapeau en velours vert, la fille au chien, le barbu au turban… La rame s’arrêta dans le tunnel. Du moins ce fut ce que je crus : je crus que le métro s’était arrêté. Tout devint très silencieux. Puis nous arrivâmes à Euston ; la moitié des passagers descendirent. Puis nous arrivâmes à Euston ; la moitié des passagers descendirent. J’observais les autres en me demandant qui ils étaient, qui ils étaient réellement, à l’intérieur, quand le train s’arrêta dans le tunnel et tout devint très silencieux. Ensuite nous fûmes secoués avec une telle violence que je crus à une collision avec un autre train. Puis nous arrivâmes à Euston ; la moitié des passagers descendirent. Puis le train s’arrêta dans le tunnel et tout devint très… (Le service normal reprendra dès que possible, chuchota une voix au fond de ma tête.) Cette fois, quand le train ralentit à l’approche d’Euston, je me demandai si je n’étais pas en train de devenir foi : il me semblait être prisonnier d’une boucle vidéo. J’avais conscience de ce qui se produisait, mais je ne pouvais rien faire pour y changer quoi que ce fût, rien faire pour en sortir. La jeune femme noire assise près de moi me fit passer un mot : SOMMES-NOUS MORTS ? avait-elle écrit. »

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