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Mes ricochets, ricocher, ricochez... de mots en mots
10 mars 2010

Sarah Waters - Affinités

Sarah Waters - Affinités

Résumé;

La prison de Millbank et ses voleuses, criminelles et faussaires, ses avorteuses et mères maquerelles. C'est dans l'inquiétant climat de l'une des geôles les plus lugubres de l'ère victorienne que Margaret Prior, dame patronnesse, rencontre la charismatique médium spirite Selina Dawes qui, bien qu'incarcérée, ne cesse de clamer son innocence. Au fil des visites, Selina dévoile son étrange histoire, et Margaret est irrésistiblement entraînée dans un monde crépusculaire de séances de spiritisme et d'apparitions, d'esprits insoumis et de passions incontrôlables... Récit de fantômes et thriller historique, affinités nous plonge dans l'univers fascinant qui a fait le succès des précédents romans de Sarah Waters. En héritière virtuose de Dickens et de Willie Collins, l'auteur nous offre un roman envoûtant où le suspense monte sans répit jusqu'à un dénouement final étonnant.

+++

J'ai découvert Sarah Waters un peu par hasard, après en avoir entendu vaguement parler. Un peu par hasard aussi, j'ai découvert "Affinités" en flânant dans les rayons de la bibliothèque. Je l'ai pris, m'attendant à une littérature "gay à tendance érotique", comme on me l'avait décrite.

Et j'ai été happée par le texte. Loin de l'érotisme, Sarah Waters nous entraîne dans un univers oppressant, mystérieux, étouffant par moments. On découvre le quotidien d'un prison victorienne, et, au fil des pages, on a l'impression d'en arpenter les couloirs sombres, d'en respirer la poussière, d'y écouter le silence. On suit Margaret, on la découvre, on espère avec elle, on pleure avec elle, on se découvre pour Selina une presque passion, une envie pressante de percer son mystère, de la sortir de là, on a tellement envie d'y croire qu'on avale les pages sans presque s'en rendre compte. Et on ne voit rien venir. Jusqu'aux dernières pages.

J'ai aimé la façon qu'a Sarah Waters d'aller au bout des choses, de ses personnages, les informations peu à peu distillées qui nous font prendre conscience des failles de Margaret, de son passé, de ses blessures, qui nous font découvrir le cheminement de Sélina. Et on se retrouve vite happée par le livre, à retenir sa respiration dans l'expectative d'un nouveau mystère, d'un nouveau chamboulement, on voudrait faire avancer le temps jusqu'à la prochaine visite de Margaret, trouver la solution, comprendre Sélina. On frémit au moindre de leurs frôlements, on décrypte la passion à travers les demi-mots. Sarah Waters a ce don de nous faire voir les images autant que les mots, de nous donner envie d'aller plus loin. Elle a ce don de nous faire entrer toute entière dans une histoire d'une autre époque, jusqu'à nous faire poser la main sur l'épaule de Margaret, jusqu'à sentir entre nos paumes les doigts caleux de Sélina. Jusqu'aux dernières pages. Jusqu'à ce qu'on referme le roman avec cette sensation diffuse au fond du coeur que ça n'est pas juste une histoire...

Mon seul regret est de ne pas avoir creusé un peu plus loin dans le passé de Margaret, de n'avoir qu'au fil des pages que quelques murmures, quelques détails de son histoire avec Helen. Et je reste avec cette question, finalement, "Qui est Sélina Dawes?". Manipulatrice ou manipulée, réelle médium ou perverse ambitieuse? J'ai envie, pourtant, de la croire faible mais, ne serait-ce qu'un peu, sincère...

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Extrait;

Elle s'était rapprochée de la table pour écrire, sa tête était donc tout près de la mienne, et sa voix, lorsqu'elle parla, à peine plus forte qu'un murmure. Elle dit : 'Je me demande, mademoiselle Prior, s'il vous arrive de mettre aussi ce nom-là dans votre journal.
De prime abord, je restai muette. En entendant son chuchotement, en sentant la chaleur de son corps dans cette cellule glacée, je venais de me rendre compte du nombre de fois quej'avais en effet parlé d'elle. Mais enfin, pourquoi pas, puisque je parle bien des autres détenues ? En tout état de cause, mieux vaut parler d'elle que de Helen.
Je répondis donc par une autre question : 'Est-ce que ce serait pour vous déplaire ?'

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Commentaires
T
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